Se défaire d’une relation PN

Lorsqu’une victime réalise qu’elle est dans une relation d’emprise perverse narcissique (professionnelle, amicale, amoureuse), elle ne sait plus trop quoi faire. Elle est comme anesthésiée par cette prise de conscience étourdissante mais aussi au contact d’une peur jusque-là enfouie dans le déni qui la pousse à prendre ses jambes à son cou. A court ou à long terme, selon le contexte et le tempérament de chaque victime, la seule issue envisageable est de mettre de la distance avec cette personne.

  • Si la relation n’est ni trop ancrée, ni familiale, le conseil unanime est de fuir le plus loin possible de ce type de personnalité ou à minima d’instaurer un « no-contact » définitif quoique parfois emprunt de nostalgie (et si je me trompais, et si… quand même, il/elle avait l’air tellement bien…).
  • Le conseil est le même dans le cadre des relations professionnelles, il est préférable de trouver des solutions pour s’en éloigner afin d’éviter (de replonger dans) le burn-out.
  • Lorsque la relation est d’ordre familiale (un de ses parents, un frère/une soeur, son/sa conjoint(e) éventuellement avec enfants, un de ses enfants), ces stratégies ne sont plus forcément possibles. Il est alors recommandé de mettre en place un processus d’auto-défense pour se laisser le temps de prendre des décisions sur la suite de sa vie.

PROCESSUS D’AUTO-DEFENSE ANTI-PN :

  • devenir opaque : dissimuler émotions, papiers, amitiés et cesser d’indiquer ce qu’on fait, supprimer les traces de son passage et en parallèle reconquérir petit à petit sa confiance en soi.
  • se créer à nouveau des bulles de temps pour soi, non pas pour fuir ce calvaire, mais pour nourrir son corps et son esprit. L’objectif est de réapprendre à se faire du bien pour se ressourcer et trouver une nouvelle énergie.
  • éviter de lui transmettre toute sa bonne humeur, spontanéité, impulsivité. Faire des phrases courtes ou des proverbes, utiliser le « on » et non plus le « je ».
  • cesser de se justifier et/ou de se culpabiliser : c’est une question de survie et faire le deuil de la possibilité qu’il/elle change. On peut se servir de phrases comme « c’est ton opinion! » ou répondre à ses questions par des questions : « qu’est-ce qui te fait dire cela ? ».
  • éviter le conflit frontal, préférer les pirouettes ou l’indifférence.
  • s’entraîner à garder son sang-froid, à l’aide de techniques de concentration/méditation/yoga/arts martiaux/naturopathie/sophrologie/sommeil/alimentation équilibrée et beaucoup d’eau/sports/application « cohérence cardiaque »…
  • préparer un projet d’avenir, propice à faire rêver, centré sur ses besoins propres, impulsant éventuellement un changement de vie, afin de ne pas vivre l’éloignement comme une fuite mais un renouveau.
  • cheminer personnellement d’abord pour comprendre ce qui s’est joué et aussi pour éviter d’être à nouveau la proie de ce type d’individu.
  • Dans les cas spécifiques de divorce ou de garde d’enfants, Geneviève Schmit propose un manuel anti pervers manipulateur narcissique qui peut sembler radical mais apparemment salvateur au regard des nombreux témoignages ayant traversé ce type d’épreuve. L’approche globale est « mieux vaut prévenir par excès d’inquiétude que se faire attraper par refus de l’inacceptable« . Son livre « le manipulateur pervers narcissique, comment s’en libérer » est précieux.

Il est très douloureux pour les victimes de prendre conscience qu’elles ont laissé s’installer ce genre de relation vampirique. Pourtant ouvrir les yeux, s’extraire et guérir de ce genre de relation suppose une force de caractère et surtout d’aller conquérir une confiance en soi qui justement nous faisaient défaut jusque-là.
Mon livre « Emprise et perversion narcissique au sein du couple«  permet de mieux comprendre comment la relation s’est nouée, pourquoi la victime a laissé faire, qu’est-ce qui s’est joué au niveau inconscient pour elle. Paru aux éditions Dangles, il est disponible en librairie et en ligne sur les plateformes.
Il donne également des clés pour mieux comprendre les réactions de l’entourage et leur expliquer leur situation. Il permet aussi d’accompagner des enfants lorsqu’il y en a dans le couple. Enfin, il propose des pistes pour cicatriser les blessures laissées par ce genre de psychotraumatisme particulier et aller de l’avant.

Pour finir, une citation d’un grand sage permet de dépister rapidement une personne entrant en relation PN :

« si tu veux connaître quelqu’un, n’écoute pas ce qu’il dit mais regarde ce qu’il fait. »

Dalaï Lama