Zèbre, s’épanouir au travail ?

Le quotidien d’un(e) haut-potentiel(le) au travail peut être motivant, stimulant et source de progression constante pour les profils méthodiques ou à l’inverse semé de difficultés pour les profils hypersensibles, hypercréatifs, à dominante hyperempathique.
Ces problématiques sont d’autant plus exacerbées que l’environnement professionnel prône depuis la révolution industrielle de façon exponentielle la standardisation, les tâches répétitives, élémentaires et complémentaires (merci Adam Smith!), soit un cadre qui peut être vraiment compliqué à vivre sur la durée pour certains profils de HP.

Cela conduit le surdoué à se sur-adapter en permanence pour tenter de contenir cette singularité qui peut déranger ! S’il/elle a appris les codes sociaux tacitement dans l’enfance. Il s’en arrange même si c’est un peu coûteux au niveau énergétique. Dans le cas contraire, l’estime de soi s’en trouve donc régulièrement abîmée surtout lorsqu’il/elle ignore son fonctionnement cérébral si particulier.
Cela donne alors des parcours professionnels en dent de scie, avec des changements réguliers de postes (tous les 2, 3 ans, parfois moins), soit par ennui, soit après un burn-out ou pire un harcèlement moral.

Pourtant on retrouve chez tous ces zèbres des atouts analogues :
* une intégration très rapide dans un nouvel environnement
* une forte capacité de production à un rythme accru, avec un niveau de perfectionnisme qui rend sujet au burn-out.
* parfois un grand dynamisme (selon la personnalité du zèbre)
* une vision globale des problématiques, avec bien souvent une capacité d’anticipation, voire de « prédiction » : cette rapidité de compréhension et des solutions originales associées s’accompagne bien souvent d’un manque d’estime qui ne permet pas de se protéger ou d’impulser correctement son idée.
* Cette idée peut parfois mettre le reste de l’équipe en porte-à-faux et notamment le supérieur hiérarchique qui n’y avait pas pensé. 
* un grand besoin d’autonomie (pour pouvoir aller à son rythme), rarement en phase avec les règles normatives (des grandes entreprises ou structures publiques notamment).
* un sentiment régulier de décalage, voire d’incompréhension avec son entourage, dans les conversations du quotidien comme dans les réunions.
* une capacité à défricher : lorsque chacun demande « pourquoi ? », lui/elle rétorque « pourquoi pas?». Il/Elle ne craint pas le changement et n’a besoin de personne pour se motiver.
* un rapide sentiment d’ennui (bore out) une fois qu’il/elle a l’impression d’avoir fait le tour ou apprend moins.
* un rapport au pouvoir et au management particulier, qui n’est pas forcément recherché.
* une absence de légitimité liée à une facilité d’apprentissage qui ne correspond pas à notre culture de l’effort française, ou un manque de diplôme ou du nombre d’années d’expérience « acceptables » pour être reconnu(e) dans son métier.
* une quête d’un mieux-être au travail, perçue bien souvent comme naïve.

En synthèse, le HP au travail est bosseur, concentré, curieux, cherchant à maîtriser ses dossiers, tenace, loyal, empathique avec son entourage, créatif, passionné et bien souvent doté de talents de visionnaire : que des qualités qui ne lui permettent pourtant que très rarement de s’épanouir professionnellement, surtout lorsqu’il ignore qu’il est surdoué. J’approfondis ces sujets dans mon livre « Un caméléon trop sensible« .