Quand une personne curieuse de tout, ingénieuse, autodidacte, intègre et particulièrement résiliente présente, par ailleurs, des difficultés professionnelles, relationnelles ou un mal-être latent durable ou plus simplement un sentiment de décalage latent avec la société… La piste d’un haut potentiel associé à une autre neuroparticularité est éventuellement à explorer. Il peut s’agir d’hypersensibilité, d’un TSA, d’un trouble d’apprentissage (DYS), d’un TDA-H ou de problèmes psychologiques (anxiété, dépression…).
On nomme cette conjonction « double exception« , qui vient de l’anglais « twice exceptional », parfois symbolisé par l’abbréviation « 2e ». Les publications du CIDDT, sous la houlette de la neurpyschologue canadienne Marianne Bélanger, sont particulièrement éclairantes sur ces thèmes.
D’après mes recherches, quand ces profils bien à part passent sous les radars, c’est qu’ils composent en parallèle avec un stress post-traumatique en lien avec une enfance qui a manqué d’étayage parental ou un événement particulièrement marquant.
QU’EST-CE QU’UN PROFIL MULTI-EXCEPTIONNEL ?
Ces dernières années, la recherche observe 4 profils distincts pour lesquels un haut potentiel se cumule avec :
- 2e-TSA
- 2e-TDA-H
- 2e-TA (pour trouble d’apprentissage, DYS notamment)
- 2e-DSM (troubles de santé mentale)
- Auxquels on pourrait ajouter, à mon sens, 2e-Hypersensibilité.
Un résultat hétérogène au test WISC ou WAIS peut également s’expliquer par ce « neuro-mélange ».
Ces profils doublement exceptionnels sont plus difficiles à détecter. Pourtant, ils présentent certains traits révélateurs.
- Globalement, on peut retenir que les 2e qui connaissent des difficultés de concentration ou d’apprentissage ont naturellement plus de risques de dyssynchronie cognitive. Leur réussite scolaire et professionnelle est, de ce fait, très variable. Dans tous les cas, ils démontrent une forte tendance à la procrastination et souvent une anxiété de performance qui les entrave dans la passation d’examens.
Tout dépend des stratégies qu’ils réussissent à mobiliser pour compenser, s’ils ont une passion qu’ils transforment en métier, un référent adulte qui croit en eux et les encourage… Cependant, ces stratégies leur demandent beaucoup d’énergie. Avec l’âge, ils en prennent plus facilement conscience. - Les 2e-TSA rencontrent des soucis d’intégration sociale : ils peuvent sembler rigides, parfois hautains, sans comprendre pourquoi. En réalité, ils sont intègres et ne voient pas l’intérêt du mensonge social, auquel ils préfèrent la vérité même un peu cash. Ce sont des personnes appréciées pour leurs qualités d’audit, d’analyse et leur efficacité au travail.
- Quant aux 2e-hypersensibles, ils passent régulièrement pour beaucoup plus naïfs qu’ils ne le sont vraiment et sont souvent malmenés par un syndrome du sauveur particulier.
- Enfin, ceux qui composent avec un terrain anxieux ou dépressif connaissent des cycles up & down plus facilement. Ces facteurs sont révélateurs d’un stress post-traumatique.
IMPACTS DES TRAUMAS CHEZ CES PROFILS
Le stress post-traumatique peut passer inaperçu pendant des années, notamment chez les haut potentiels car ils démontrent une résilience hors norme. Ils trouvent des stratégies pour compenser leurs difficulté, y compris en lien avec leur enfance. Ils peuvent aussi avoir tendance à minimiser ce qu’ils ont vécu, l’expliquant de manière rationnelle.
En la matière, il peut s’agit d’un événement particulièrement marquant, tel que le décès d’un.e ami.e proche ou d’un membre de la famille, d’abus ou alors d’incidents plus discrets mais chroniques. Il peut être question de harcèlements à répétition à l’école ou en famille ; d’une maladie (dépression, alcoolisme ou problématique plus corporelle…) empêchant un des parents de jouer pleinement son rôle.
On peut aussi avoir vécu des violences éducatives ordinaires. Elles peuvent être très évidentes telles que des humiliations, des insultes, tirages de cheveux, gifles, privations de repas… ou plus discrètes, déguisées sous couvert d’humour sarcastique, de maladresses, de malentendus, d’un désintérêt pour les envies et besoins des enfants…
Encore largement tolérées culturellement, les VEO passent pour une éducation un peu autoritaire mais considérée comme nécessaire. Elles sont pourtant reconnues comme néfastes au développement de l’enfant et sont punies par la loi depuis juillet 2019, ce que peu de gens savent.
Cet aspect fera l’objet de mes deux prochains livres. Je vous en dirai plus dès que j’aurai suffisamment avancé sur mes projets d’écriture.
En réalité, leur haut potentiel est en bonne partie dédié à survivre aux événements du passé. De ce fait, ils démontrent un ensemble de traits et des facultés de compensation, de résilience et une combativité très spécifiques, dont ils devraient être fiers. Mais ce type de parcours impressionne moins qu’une grande réussite professionnelle et sociale.
Les profils doublement exceptionnels, surtout quand ils passent sous les radars, ont bien souvent des problématiques d’estime et/ou de confiance en eux, parfois très masquées, qui ont des impacts sur leurs relations.
En revanche, le haut potentiel les préserve davantage de risques d’addiction, de conduites dangereuses, (notamment pour les profils TDA-H) ou de phobie sociale marquée que les autres. Ils ont une conscience plus accrue des risques encourus.
Dans mon dernier livre : Nuancier de caméléons, je décris les principales neuroatypies avec de nombreux détails qui s’expriment au quotidien. Pour le moment, la version papier est en rupture de stock. Il reste néanmoins la version Ebook.
Je précise également l’impact des troubles DYS et/ou du TDA/H chez ces profils particuliers. Je détaille le profil très haut potentiel qui présente des caractéristiques bien à part.
Je termine en intégrant ces données neuro-cognitives parmi l’ensemble des composantes qui permettent de mieux cerner sa personnalité. Car au fond, chaque humain est unique. Les neuroparticularités ne nous définissent pas. En revanche, elles colorent notre quotidien en permanence. En prendre conscience permet de composer plus facilement avec et d’apprivoiser les jolis dons qui l’accompagnent.