Les zèbres sont particulièrement outillés pour gérer les projets même s’ils n’en ont pas forcément toujours conscience. Ils collectent naturellement un grand nombre d’informations en peu de temps et savent rapidement ce qui peut fonctionner ou non. Ils peuvent le « sentir » ou analyser inconsciemment les données, croisant l’objectif à atteindre et les ressources disponibles, tout en tenant compte des contraintes et des délais impartis pour optimiser le tout. Selon leur profil, plutôt organique ou méthodique, ils ne le gèrent pas de la même façon.
En effet, un profil méthodique va privilégier l’efficience permanente, en lien avec son besoin de maîtrise sur les choses. Du coup, il n’apprécie que très moyennement les contretemps car ils génèrent de la frustration et des émotions que son fonctionnement cherche justement à éviter.
Un profil plus organique fonctionne, quant à lui, à l’instinct, qui se trompe rarement. Il n’a pas toujours conscience de son processus cœur-corps-mental : il sait et c’est tout… si ça va passer ; ce que le projet va donner ; sur quelles personnes il va pouvoir compter et comment ; les couacs qui risquent de surgir. En revanche, une organisation séquentielle des choses n’est pas du tout sa tasse de thé car il fonctionne au plaisir et dans l’échange. Son rapport au temps est particulier. Il a bien la date d’échéance en tête mais ne se met pas forcément en mouvement de façon démonstrative. Le projet avance en back-office dans sa tête tandis qu’il fait autre chose, ce qui peut susciter l’inquiétude de son entourage. Ces différents profils sont brossés dans mon livre « La caméléone« .
A cette différence de fonctionnement spécifique au haut-potentiel, s’ajoute une posture vis-à-vis de l’obligation de résultats versus l’obligation de moyens. Et cette dernière varie, y compris dans la savane zèbres. Mais commençons par une rapide définition :
- L’obligation de moyens consiste à mettre en œuvre tout ce qui est à sa disposition pour atteindre un objectif donné.
- L’obligation de résultats intègre l’obligation de moyens comme première étape dans la démarche mais vise avant tout le résultat pour se sentir satisfait.
Dans une posture d’obligation de moyens, on a plus facilement le sentiment de bien faire sa mission, indépendamment des résultats que l’on obtient. Lors d’insuccès, on peut toujours mettre en cause un élément extérieur (manque d’outils, de supports, d’information…) et passer à la suite.
A l’inverse, lorsqu’on est dans l’obligation de résultats, on s’approprie la mission pour en faire un défi personnel. On va alors mobiliser toute son ingéniosité et son énergie pour identifier la source des problèmes éventuels afin d’atteindre le dénouement escompté, voire aller au-delà.
Le besoin de sens existentiel accru des HP les pousse plus facilement vers une obligation de résultats, par besoin d’exploration, par défi, motivés par une cause ou pour faire plaisir à autrui… Néanmoins, en la matière, des disparités existent également, selon l’expérience de vie et la génération entre autres.
Mieux comprendre les différents curseurs permet aux zèbres de se prémunir des écueils sociaux sous-jacents et de choisir leurs batailles. Ces éléments offrent aussi l’opportunité d’entrer en relation avec autrui plus sereinement, qu’il soit HP ou non. Le risque sinon est d’avoir des attentes très (trop ?) élevées, d’essuyer des déconvenues, de générer des malentendus, voire d’aller au clash, au niveau professionnel comme personnel. C’est alors souvent coûteux à gérer surtout quand des émotions zébresques sont impliquées.
En intégrant ces données à sa boussole personnelle, il me semble qu’on peut plus facilement aborder les projets et les interactions, tout en gardant un peu de recul si besoin.
Et vous, quel genre de chef de projet HP êtes-vous ?