Qu’est-ce que la perversion narcissique ?

DEFINITION :
La relation perverse narcissique manipulatrice est le fruit d’un lien entre une personnalité empathique et pleine d’énergie, souvent dotée du syndrome de sauveur et peu sûre d’elle-même
avec une personnalité masquée, aux émotions bloquées, en souffrance sans l’assumer, qui se nourrit de la substance de l’autre pour combler son propre vide abyssal.
Elle peut donc faire beaucoup de dégâts chez un profil neuroatypique (hypersensible, haut potentiel, autiste, TDA-H), qui s’épuisera mentalement et physiquement à vouloir aider l’autre jusqu’à parfois s’étioler complètement.

C’est tout l’objet des lignes qui suivent et de mon livre publié sur le sujet aux éditions Dangles : Emprise et perversion narcissique au sein du couple. Il est la synthèse de nombreuses lectures et du recensement de témoignages qui tendent régulièrement vers le même constat : là où convergent plusieurs pervers narcissiques, se trouve probablement un(e) haut-potentiel(le). La faille est alors aussi la source de la solution. De quoi retrouver le sourire après un seau d’eau glacée!
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MISE EN IMAGES :
Une vidéo belge intitulée Fred et Marie présente très finement le processus en jeu dans les relations de couple. Elle a été conçue dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur « la violence psychologique, c’est de la violence tout court », à l’initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Wallonie et de la CoCoF. Cela concernerait 1 couple sur 8!
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ETYMOLOGIE :
Paul-Claude Racamier est le premier à la décrypter en 1986 comme une forme particulière de perversion. Alberto Eiguer en 1989 en fait une pathologie du narcissisme.En 1997, Isabelle Nazare-Aga liste 30 caractéristiques du manipulateur. Selon elle, à partir de 14 traits de caractère, la personne est dite manipulatrice, au-delà de 20 points, elle met en oeuvre des relations qui provoquent des dégâts. Puis Marie-France Hirigoyen popularise la notion en 1998 en la mettant en regard du harcèlement moral.
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TRAITS DE CARACTERE DU PERVERS MANIPULATEUR NARCISSIQUE OU PN :
La démarche de lister des traits de caractère d’une personne donnée (aussi bien un homme qu’une femme, un parent, un enfant, un collègue ou un supérieur, un ami ou une relation amoureuse) est particulière car elle tend à enfermer sous une étiquette une personnalité qui est sans nul doute plus complexe qu’il n’y paraît.
Un(e) zèbre en phase avec ses émotions sentira instinctivement le mal-être d’un individu en proie avec des tendances manipulatrices en face de lui/elle. Pour celles et ceux qui font davantage appel à leur mental pour se protéger des relations humaines douloureuses la liste suivante permet d’identifier un ensemble d' »incohérences » chez l’autre qui devraient alerter avant la mise en oeuvre d’une relation potentiellement destructrice.

  • dans un premier temps, flatte pour plaire, déroule le tapis rouge, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins… inonde la victime de sms… fait des surprises qui peuvent sembler romantiques mais tout autant intrusives
  • se concentre sur une séduction intellectuelle, si la victime est attentive, les gestes et les mots ne correspondent pas 
  • se place généralement en victime (ou parfois en sauveur mais plus rarement), ce qui lui permet de pousser les autres à faire des choses pour lui
  • semble entouré.e d’une cour familiale, amicale, professionnelle stimulante mais à laquelle la victime n’a accès que si… (on ne sait pas trop quoi, d’où l’emprise), à moins qu’il ne se présente comme une personne esseulée pour qui vivra au crochet de sa victime
  • bénéficie généralement d’une bonne aura sociale (charismatique, brillant.e, séduisant.e), tout en se jouant des règles, ce qui participe à cette aura
  • ne se confie pas vraiment, la victime prend ça pour de la pudeur et espère qu’il le fera plus tard mais ça ne viendra jamais
  • n’exprime pas ses émotions qui sont comme bloquées, la victime ressent une froideur émotionnelle qu’elle explique par des parades mentales alors que l’instinct sait.
  • produit assez vite un sentiment de contrôle permanent ou de non-liberté sur les moindres petits aspects du quotidien
  • vampirise l’énergie de l’autre
  • ne communique pas clairement ses besoins, sentiments et opinions, nie les évidences et attend le dernier moment pour se positionner quitte à changer de sujet, revenir sur son opinion, devenir flou ou s’échapper de la situation quand il/elle perd pied
  • met en doute les compétences de l’autre, critique sans en avoir l’air, souvent sous le ton de l’humour, de préférence corrosif et rarement à ses dépens
  • change de masque de façon radicale en fonction de la personne ou de la situation…
  • mais attend des autres la vérité et la perfection, sans changement d’avis possible
  • prêche le faux pour savoir le vrai, divise, isole pour mieux régner
  • passe ses messages par autrui, voire mène une campagne de rabaissement public à l’encontre de la victime s’il/elle n’arrive pas à modifier la manière dont celle-ci se perçoit
  • ne tient pas compte des besoins et droits des autres même s’il/elle dit le contraire
  • mise sur l’ignorance des autres pour faire croire en sa supériorité
  • ment, n’assume pas ses torts et reporte sa responsabilité sur les autres : « on aura mal compris! »  Il/elle est tellement convaincu.e de ses propos que la victime peine à discerner le vrai du faux
  • dit s’énerver rarement mais est susceptible et les plus empathiques peuvent sentir une colère profonde en lui/elle
  • est égocentrique et parfaitement efficace pour atteindre ses buts… souvent au dépens d’autrui
  • peut être jaloux(se)
  • culpabilise au nom du lien
  • menace de façon déguisée (les actions de sa part sont suspendues à un comportement attendu… qui n’est pas forcément clair d’ailleurs), ou pratique un chantage ouvert
  • en fonction de son histoire, peut présenter une grande pression sexuelle ou un évitement en la matière.

Toute la difficulté de la manipulation et de ce descriptif viennent du fait qu’ils peuvent se retrouver en chacun d’entre nous pour une situation donnée. C’est lorsqu’on reconnaît un processus permanent, inconscient ou non, qu’il est prudent de se méfier.
Il peut d’ailleurs s’avérer très difficile d’acquérir la certitude absolue que la relation dans laquelle on est installé est perverse. La reconnaissance de la nocivité de la relation par une tierce personne, souvent neutre (médecin, psychologue…) aide indubitablement en la matière. Si ce n’est pas possible, l’instinct profond et la régularité des « doutes » peuvent alors aider à une prise de conscience.
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FONCTIONNEMENT :
Aussi impressionnant(e) qu’il ou elle puisse paraître, il/elle n’utilise au final que 4 bouts de ficelle, ressent uniquement 3 types d’émotions, classe son entourage en 3 catégories de personnes et met en oeuvre une stratégie en 5 phases pour conquérir sa victime. Repérer l’ensemble de ces schémas permet de mieux cerner/éviter/se défaire de ce type de prédateur(trice).

  • 4 bouts de ficelle : séduction (même si ça l’agace vite), victimisation (selon le mode vulnérable mais indestructible), culpabilisation (uniquement de l’autre) et intimidation.
  • une palette de 3 émotions seulement : joie mauvaise, rage, auto-apitoiement. Ouvrez vos chakras pour les identifier ;).
  • 3 catégories de personnes : utile ou utilisable / inutile / dangereuse
  • une stratégie d’emprise en 5 phases : inaccessibilité / séduction / rapprochement / épuration / transgression. Les 3 premières phases peuvent aller très vite.

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PSYCHISME :
Pour celles et ceux qui chercheraient à comprendre le psychisme de la personnalité perverse d’un point de vue clinique, Patrick Juignet en fait une synthèse intéressante sous le lien ci-dessus.