Aujourd’hui, on trouve une littérature impressionnante sur la parentalité, qui va de « vous devez faire comme ceci avant tel âge, sinon votre gamin est foutu » à « comment devenir un suffisamment bon parent« . En revanche, je n’ai pas encore trouvé de mode d’emploi complet pour les parents HP d’enfants HP, si ce n’est 100 idées pour accompagner les enfants à haut potentiel, de Revol, Poulin et Perrodin.dont vous trouverez un commentaire complet sur les Tribulations.
Je m’en vais vous développer mon propos en repartant des traits de caractère du zèbre :
– la pensée en arborescence fait qu’on imagine simultanément et instantanément tous les scénarios de vie et plus quotidiennement les situations à risques auxquelles notre progéniture se frotte. Pour peu qu’on soit aussi affublé d’un petit syndrome du sauveur, autant dire qu’on cherche à chaque instant à border l’environnement au maximum – sur lequel on a bien souvent peu de prise, sic! – pour lui éviter le pire et le moins pire.
– une absence de confiance en soi, qui nous pousse à nous interroger en permanence sur notre capacité à être un bon parent, une faille dans laquelle les petits HP s’engouffrent allègrement.
– une hyperesthésie parfois difficile à gérer au milieu des cris et autres cadeaux odorants des petits loulous.
– une autorité mal tolérée par les mini-HP, à commencer par celles de leurs propres parents, qui nous pousse dans nos retranchements.
Mon dernier exemple en date est le tableau ci-dessous que je suis venue à produire pour leur expliquer pourquoi un parent devait être respecté à tous les coups, après avoir tenté à maintes reprises l’inutile « c’est comme ça et puis c’est tout! ». Pour la légende, les parties hachurées concernent le temps passé à penser à ses enfants réels ou à venir pour imaginer/prévoir/organiser/border/se réjouir…
– une empathie qui devient parfois franchement gênante, dans la mesure où l’on ressent ce que notre petit bout hypersensible ressent lorsqu’on le gronde – pour une bonne raison of course.
– une capacité particulière à saisir les incohérences et autres injustices d’une situation donnée qui est systématiquement activée dans la fratrie et nous épuise pousse chaque jour à devenir un meilleur parent.
– une soif d’activités qui est parfois difficile à suivre, – sauf peut-être quand on est instit’?- d’autant plus que les nouvelles générations de parents se sont mises en devoir de suggérer/organiser/partager avec leurs enfants ces dernières, ce qui a parfois pour conséquence qu’ils ne sachent plus les initier seuls.
– des maladresses régulières, qui peuvent nous les mettre dans des rages folles et qui ne sont pas toujours compatibles avec leur envie de bricoler/cuisiner… comme un adulte par exemple.
– leur hypersensibilité et leur tendance hypocondriaque qui nous transforment tour à tour en confident, soignant, voire psychologue, et qui empiètent parfois sur le cadre parental.
– des problèmes d’endormissement liés à leurs questions métaphysiques, parfois très jeunes (à 3 ans, mon fils m’a demandé ce qu’on devenait quand on mourrait, sic!) sur des sujets qui nous questionnent également. Si on couple leurs difficultés à dormir aux nôtres (ben oui, les chiens ne font pas des chats!), ça donne une famille parfois très naze le lendemain, avec une dose moindre de patience pour gérer le quotidien alors que c’est la clé maîtresse du bordel.
Heureusement, pour compenser ces « quelques désagréments » zébrés additionnels, nous avons aussi
– une sacrée dose de créativité pour inventer des activités, voire gérer les conflits, comme la boîte à mal-être suggérée par une représentante de l’AFEP de l’Ain dans laquelle les enfants peuvent glisser des petits mots tout au long de la semaine et qu’on prend le temps de dépouiller le dimanche autour d’un bon chocolat chaud.
– une soif de connaissances et une rapidité d’apprentissage qui font des livres et des documentaires nos meilleurs amis pour la vie, de même que les jeux de stratégie et autres puzzles, en solo ou à plusieurs.
– un grand sens de l’humour, qui nous permet de désamorcer beaucoup de choses et qu’ils partagent avec nous parfois très jeunes (c’est d’ailleurs un bon moyen d’identifier une graine de HP bébé) : fous rires quotidiens assurés.
– une grande capacité de raisonnement sur des sujets complexes qui génère sans cesse des discussions incroyables même quand ils sont jeunes. Gaffe par contre à leur capacité émotionnelle à gérer ce qu’ils sont en mesure de comprendre intellectuellement.
– une bienveillance hors norme qui donne toute sa symbolique à la notion de cocon familial.
Pour conclure, nos particularités HP font indubitablement de nous des parents qui s’améliorent sans cesse. Mais ce fonctionnement associé au bouton-off inexistant et à un niveau d’exigence impressionnant expliquent aussi facilement les risques de burn-out parental, mal reçu par notre société. Pourtant, depuis quelques mois, une éclaircie s’annonce sous la terminologie de charge mentale, très bien illustrée par Emma. Pour la minute féministe, cette charge mentale incombe bien souvent à la femme. Je serais curieuse de savoir si c’est le cas avec un papa zèbre.
Cet aspect est également abordé dans mes différents livres et mes accompagnements pour vous recommander des pistes en la matière.